Journal
Audrey Robic

J'ai atteri chez Paf!

Journal d'une stagiaire.

Je débute ma journée avec un peu d'appréhension, la grève ne fait qu'accentuer ce sentiment. Après plus de 1 heure et demie de trajet je mets le pied à Bruxelles... Mais je suis perdue.

Il est 9h30, je devrais déjà être assise derrière un bureau et je suis encore bien loin d'arriver à destination. Je choisis un chemin, long, mais que je connais, je suis sûre de la durée du trajet. Je dois appeler mon maître de stage, m'excuser, faire au plus vite. Je suis mal à l'aise. Le stress augmente, la journée commence mal, inquiète d'être mal vue.

J'aperçois enfin la boite, le bâtiment est impressionnant et le couloir ressemble à ce qu'on a l'habitude de voir dans les films américains. J'appelle Fabien, il descend me chercher. Je suis paumée dans ce grand couloir froid. Il m'accueille avec un grand sourire. Je m'excuse encore de mon retard pendant qu'il appuie sur le bouton de l'ascenseur. Nous entrons et il me donne mon pass, je me sens puissante, je le lui dis.

Direction le 7ième et dernier étage. La vue est incroyable. Le bureau est remplie d'oeuvre d'art toutes plus immenses les unes que les autres.

Une jeune femme me souhaite la bienvenue et désire absolument me montrer quelque chose après m'être installée. Ils tentent de me mettre à l'aise mais je reste intimidée. Je lance de petites blagues, quelques "la classe" mais je ne parle pas trop.

Entrée en la matière, on me propose du café. Je me détends enfin. On papote devant la machine, on rigole un peu et Fabien m'annonce mon travail ; quelques mock up pour juger de mon niveau en photoshop suivi d'une création de bannière pour leur site. Rien de bien compliqué, sauf que je doute, est-ce que mon travail va plaire ?

L'ordinateur rame, et me fait mettre un temps fou à réaliser de simples mock up. Je me sens incompétente. Ils finissent par venir voir mon travail voyant que je ne demandais rien depuis plusieurs heures. Ils ont l'air satisfait et me redonnent confiance.

Ma première pause arrive, au 7ième étage en plein coeur de la ville, la vue est saisissante. Dans l'après-midi, mes patrons m'annoncent que tous les vendredis j'aurai congé, ma journée n'est pas si mal tout compte fait. Vers 17 heures, je commence à me tourner les pouces mais Fabien est en réunion, je dois attendre. Quand il revient, il observe mon travail et le valide après quelques conseils. Apaisée, j'ai hâte d'être demain.

01

J'ai pas à me plaindre.

Au premier jour, ils ont un peu observé mes compétences, aujourd'hui ils les mettent à l'épreuve. C'est un deuxième jour démoralisant. Je me suis vue attribué le graphisme d'un site dont l'identité graphique était déjà établie.

Une design à adapter, j'ai pensé "cool", "on me fait confiance", "je suis pas si nulle". J'ai pataugé. Il m'a briefée, j'ai cru le comprendre, je me suis lancée. Des contrainte, ok, ça va aller, c'est un design. Elles m'ont bloquée, frustrée, énervée, découragées. J'ai dû m'adapter, revoir ma façon de penser, de procéder.

Deux jours de galère, plus le temps passait moins j'osais demander. Ses feedback étaient remplis de silence, et de temps un autre un "c'est mieux". A ce moment, on découvre qu'on n'est pas grand chose, qu'on pensait tout savoir, que ce qui nous attend, ce n'est pas totalement ce qu'on nous apprend ; en cours, on est libre.

Le soir, je continue. Je n'arrive pas à arrêter. J'ai peur de décevoir, de me décevoir. Ce n'est que le troisième jour, le moral baisse, peut-être qu'ils s'en doutent.

A la fin de cette journée, il m'a laissé réfléchir, j'ai pris du temps et il ne m'a pas brusqué. J'ai pu m'adapter. Le plus dur était de sortir de la zone de confort qu'on nous permet de garder tout au long de nos études. Explorer un nouveau style graphique qu'on n'a jamais voulu/réussi à appliquer. J'ai itéré, itéré, itéré et j'ai appris.

Le quatrième jour est plus calme, la pression que je me mets est moins grande et il me donne enfin un avis clair car le résultat est un peu mieux. J'ai compris qu'il ne voulait pas m'influencer et ça a servi ; je ne néglige plus autant de chose qu'avant et je recherche. Il me met de côté ce travail pour me laisser m'amuser avec de l'intégration. Une petite animation, juste pour juger de mon niveau. L'ambiance est meilleure. J'ai un peu grandi, je crois.

04

J'ai bien pataugé.

La troisième semaine se termine. J'ai pris mon rythme, je m'adapte de mieux en mieux. Pendant ces deux semaines passées sans écrire, j'ai eu le temps de toucher plein de projets, des grands, des moyens, des petits. Animation, responsive, graphisme, ils sont passés par mes doigts.

Retour du premier client, mon maitre de stage était sastifait, le client non. Il ne s'était pas imaginé ça dans sa tête, de toute façon il avait encore changé d'idée. Un peu décevant pour un premier retour. Les contraintes. On en est encore là. Faire du bon travail en ne faisant pas ce qui nous plait. Il faut être prêt, moi, je ne le suis pas.

J'ai préféré demander du code plutôt que du design. Le code c'est concret. Moins d'erreurs possibles, moins de remises en question. Le web, je l'ai choisi pour ça, pour m'amuser, me distraire et travailler sans m'en rendre compte. Des journées derrière un écran, aucun soucis, tant que c'est marrant. Ca ne l'est plus forcément. L'univers, les gens, la créativité, l'apprentissage, j'aime toujours ça. Les clients, je les hais.

Favoriser le feeling au boulot, voilà ma sage décision. Des contraintes, il y en a partout. Une bonne équipe, c'est bien plus rare. Je gère ma frustration, le boulot doit être fait et puis ils me font rire. J'apprends. J'apprends beaucoup même. J'approfondis le js, jquery, on m'explique wordpress, le SASS et Fabien me prête des livres.

J'ai pu aller au KIKK, mais sans eux. Trop de boulot, ils m'ont tout de même laissé y aller. Comme chaque année, ça me remotive et me ressource. Je me sens minuscule face à ces conférenciers. J'ai envie d'être aussi grande. Je ne travaillais plus pour moi, pour mon plaisir, pour mes connaissances depuis le début du stage. Aujourd'hui, j'ai recommencé.

20

Deux semaines plus tard.

Il reste un mois, j'écris peu, j'apprends beaucoup. Mais ça ne parait pas assez important pour en parler. Alors oui, j'ai appris à tripoter le CMS, on m'a fait faire du print, du graphisme et beaucoup de code. C'est ce que j'avais demandé. Je ne peux pas dire que j'ai appris un vrai nouveau truc mais je me perfectionne. J'apprends les détails, je revois ce que je connaissais peu et j'organise petit à petit mon travail pour un final (plus ou moins) professionnel.

J'ai commencé à prendre assez confiance pour soumettre, demander et m'inscrire au Skills. Ok, je ne m'inscris pas seule. Mais, c'est un début. J'aperçois les possibilités du web que j'avais oublié. Oui, j'ai des obligations, mais j'arrive quand même à me faire plaisir. J'aime voir ma patte un petit peu partout sur les projets qu'ils ont sorti depuis que je suis avec eux.

Il y a des erreurs, je suis distraite et maladroite. On ne me dit rien et on m'explique puis on me laisse gérer. On vérifie ce que je fais mais de moins en moins. Et je vois que ça me donne envie de continuer ce que je fais. Dans le fond, je suis libre.

Il reste un mois, et je ne veux plus partir.

35

Les jours se taillent.

Cher journal, c'est fini, j'arrête tout, ça fait trois mois. Tu m'as fait me sentir comme une adolescente prépubère pendant tout ce temps, mais aujourd'hui, j'arrête tout. Je t'ai haïs pendant ces nombreux jours et je me suis forcée à t'écrire. De toute façon, je n'avais rien à te dire. Tout au moins rien de croustillant. Alors je te dis Adieu !

Ps: Brandon m'a rajoutée sur Facebook. Bisou.

L'ancienne stagiaire.

Puisque tout ça est aujourd'hui derrière moi, viens donc voir ce qui est devant moi.

Projecthub
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Cher journal...